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Orelsan, artiste visionnaire ?

Orelsan, artiste visionnaire ?

Dans le morceau « l’odeur de l’essence » de son dernier album « Civilisation », le rappeur-pamphlétaire mesure le manque de vitalité du débat public en France et l’ampleur de l’explosivité du climat social et de l’inaction des décideurs publics en matière d’écologie .

Chez Track05 nous ne pensons pas voter pour Aurélien s’il venait à se présenter à l’élection présidentielle mais le portrait qu’il dessine n’en demeure pas moins très critique et intéressant. On vous propose de le décrypter.

L'odeur de l'essence

Pour cela, regardons d’abord le titre. « L’odeur de l’essence ». L’auteur décrit cet instant de flottement avant que l’étincelle incandescente n’atteigne le moteur. Ce moment d’angoisse ultime juste avant que n’explose le tas de ferraille après un accident. La question que l’on peut se poser est la suivante: Peut-on encore sortir de cette voiture à temps ? Orelsan est-il un prophète annonciateur de la fin du monde ou simplement un garde-fou de l’absurdité de la vie politique ? Dans tous les cas, Orelsan fait tomber les masques et met sur le tapis avec virulence des sujets qui fâchent.

“L’artiste hip hop met en lumière ce que l’humain doit construire et réparer” écrit Rachel Khan dans le numéro 3 de l’hebdo “Franc Tireur” du 1 décembre 2021

En effet, il n’y va pas de main morte et critique de sa plume entraînée et acérée. Les accusations sont nombreuses : inaction face à l’urgence climatique, persistance du racisme, “société du spectacle” où règne le buzz, crispations identitaires à gauche comme à droite… Ses punchlines insistent particulièrement sur les enjeux d’identité qui cristallisent les tensions politiques et monopolisent le débat public. Si c’est l’un des thèmes de préoccupation des français, il faut rappeler qu’il y a d’autres problématiques toutes aussi, voire plus urgentes qu’il faut sans doute mettre à la première page de l’agenda politique : la défense de l’environnement; la fracture sociale entre une France des gilets jaunes et une France aisée; l’épuisement de l’hôpital public…

“L'intelligence fait moins vendre que la polémique”

À travers une anaphore puissante de l’adjectif « sensible », il dépeint une société où la scène médiatique et le débat d’idée en général sont étouffés par une susceptibilité exacerbée : « le monde entier devient susceptible ». En fait, plus qu’une critique de fond, le rappeur propose une remise en cause d’un débat public qu’il juge perverti dans sa forme actuelle. Un débat complètement hystérisé, ne reposant plus sur un échange d’idées mais une suite de logorrhées radicales n’acceptant pas la contradiction.

“Plus personne écoute, tout l'monde s'exprime

Personne change d'avis, que des débats stériles”

Orelsan tu n’es pas le seul à sentir l’odeur de l’essence. Si vous aussi vous sentez écrasé par un débat public stérile, on ne peut que vous conseillez la lecture de l’éloge de la nuance de Jean Birbaum ou le philosophe franco iranien Reza Moghaddassi qui déplorent que « les idées deviennent trop souvent des identités »